COMMUNIQUE DU CONSEIL DE L’ORDRE DU BARREAU DE BRUXELLES (FR)
Actualité
Le conseil de l’Ordre français du barreau de Bruxelles a pris connaissance du projet de rĂ©forme du rĂ©gime des pensions du personnel judiciaire et des magistrats du siège et du parquet envisagĂ©e par notre gouvernement.Â
S’il peut comprendre le mĂ©contentement de celles et ceux qui sont visĂ©s par ce projet de loi, d’autant que la coalition Arizona semble ne pas s’être concertĂ©e au prĂ©alable avec le pouvoir judiciaire, il dĂ©nonce avec force certaines des mesures de rĂ©torsion annoncĂ©es par le Collège du Ministère public.Â
Celui-ci annonce en effet, dans un communiquĂ© de presse du 16 avril 2025, qu’à partir de ce mĂŞme jour, (i) il ne fournira plus d’élĂ©ment de rĂ©ponse dans le cadre des questions parlementaires, (ii) il se rĂ©serve le droit de ne plus rĂ©pondre aux demandes d’avis ou de participation Ă des groupes de travail Ă©manant des pouvoirs exĂ©cutif et lĂ©gislatif, (iii) enfin, il n’appliquera plus les demandes de suspension d’exĂ©cution des courtes peines de prison formulĂ©es par la ministre de la Justice en raison de la surpopulation dĂ©jĂ existante dans les prisons.Â
Cette rĂ©activation de l’exĂ©cution des peines de courte durĂ©e en vue de faire pression sur le gouvernement pour obtenir un adoucissement d’une rĂ©forme de la pension des magistrats, est extrĂŞmement problĂ©matique.Â
Certes, en demandant au parquet de suspendre l’exĂ©cution des courtes peines plutĂ´t que de prendre les mesures nĂ©cessaires pour mettre un terme Ă la surpopulation endĂ©mique que connaissent nos prisons, le gouvernement a procĂ©dĂ© Ă un transfert de responsabilitĂ© inacceptable du politique vers le judiciaire. Toutefois, l’annonce faite par le Collège du Ministère public, si elle est mise en Ĺ“uvre, aura pour effet d’écrouer 4.000 personnes de plus dans des prisons dĂ©jĂ surpeuplĂ©es.Â
La situation humainement dĂ©gradante dans laquelle se trouvent les dĂ©tenus en Belgique est dĂ©noncĂ©e de longue date par les barreaux, les associations de droits humains et le pouvoir judiciaire lui-mĂŞme, qui n’ont de cesse de rappeler qu’il n’existe aucun parcours de rĂ©insertion organisĂ© par l’Etat et que les conditions dĂ©plorables dans lesquelles les dĂ©tenus purgent leur peine ne leur offrent que très peu de chance de se rĂ©insĂ©rer sereinement dans la sociĂ©tĂ©.Â
Nos prisons sont devenues des Ă©coles de dĂ©linquance et favorisent la rĂ©cidive au lieu de la prĂ©munir. IncarcĂ©rer des personnes condamnĂ©es Ă de courtes peines n’aura d’autre effet que d’accentuer cette dangereuse dĂ©rive.Â
Aggraver volontairement cette situation en vue d’obtenir un avantage Ă©conomique est profondĂ©ment choquant. Â
Le conseil de l’Ordre appelle d’une part la ministre de la Justice Ă refuser l’écrou de ces condamnĂ©s et d’autre part le Collège du Ministère public Ă renoncer Ă cette troisième mesure, afin de ne pas aggraver encore une situation dans laquelle l’Etat belge soumet, consciemment et volontairement, des ĂŞtres humains Ă des traitements inhumains et dĂ©gradants. Â
Par ailleurs, il appelle le Gouvernement Ă nouer un dialogue serein avec le personnel judiciaire ainsi que les magistrats du siège et du parquet pour Ă©tudier ensemble les avantages et les inconvĂ©nients de tout Ă©ventuel projet de rĂ©forme du rĂ©gime des pensions.  Â