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Résolution du 26 novembre 2024

RĂ©solution du 26 novembre 2024 du conseil de l’ordre français des avocats du barreau de bruxelles sur la modification des dispositions lĂ©gales relatives Ă  l’aide juridique de deuxiĂšme ligne, crĂ©ant dans le chef des victimes de violences sexuelles ou intrafamiliales, un droit Ă  l’aide juridique de deuxiĂšme ligne
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Le conseil de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles, en sa sĂ©ance du 26 novembre 2024, adopte la prĂ©sente rĂ©solution.

ConsidĂ©rant les obligations internationales de la Belgique en matiĂšre de lutte contre les violences de genre, et notamment la convention du Conseil de l’Europe du 11 mai 2011 sur la prĂ©vention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, ratifiĂ©e par la Belgique le 14 mars 2016 et entrĂ©e en vigueur en Belgique le 1er juillet 2016 (Convention d’Istanbul).

ConsidĂ©rant qu’en 2023, la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale a enregistrĂ© 1 846 faits de violences sexuelles, un nombre qui augmente chaque annĂ©e. Que parmi ces faits, 38 % concernaient des viols, 19 % des atteintes Ă  l'intĂ©gritĂ© sexuelle et 18 % des atteintes Ă  la pudeur. Que par ailleurs, 3 260 actes de violences physiques en milieu familial ont Ă©tĂ© signalĂ©s la mĂȘme annĂ©e, un chiffre Ă©galement en hausse constante. 

ConsidĂ©rant que selon les derniĂšres statistiques d’Amnesty International et de SOS Viol, une femme sur cinq a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© victime de viol. Que ce type d’actes de violence constitue l’une des violations des droits humains les plus rĂ©pandues dans le monde.

ConsidĂ©rant que les barreaux reprĂ©sentent les intĂ©rĂȘts des justiciables et se doivent d’ĂȘtre aux cĂŽtĂ©s des victimes de violences sexuelles ou intrafamiliales.

ConsidĂ©rant l’engagement de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles de mettre en place des mesures concrĂštes de lutte contre ces faits de violence, notamment par la signature de la Charte de l’Union internationale des avocats du 8 mars 2022 Ă©nonçant les principes fondamentaux sur l’accĂšs Ă  la Justice des femmes victimes de violence.

ConsidĂ©rant que c’est dans ce contexte que le dispositif Lawyers Victims Assistance a Ă©tĂ© créé par le barreau de Bruxelles afin de permettre Ă  toute victime de violences sexuelles ou intrafamiliales de bĂ©nĂ©ficier d’une premiĂšre consultation gratuite auprĂšs d’un avocat spĂ©cialement formĂ©, de maniĂšre multidisciplinaire, Ă  cette assistance.

Soutenant l’idĂ©e que toute victime doit, si elle le souhaite, être assistée d’un avocat dès le début des démarches qu’elle entreprend pour faire reconnaĂźtre ses droits. Que ce droit fondamental est d’autant plus nĂ©cessaire aux victimes d’actes de violences sexuelles ou intrafamiliales pour leur permettre notamment de prĂ©parer la premiĂšre audition et d’ĂȘtre accompagnĂ©es dĂšs le dĂ©but de la procĂ©dure judiciaire. Que trop souvent, ces victimes sont laissĂ©es pour compte aprĂšs le dĂ©pĂŽt de leur plainte, ne sont pas informĂ©es de l’avancement de la procĂ©dure et se retrouvent dĂ©munies face Ă  des enquĂȘtes qui se prolongent, voire Ă  des dĂ©cisions de classement sans suite. Que l’intervention de l’avocat dĂšs le stade prĂ©liminaire est essentielle pour garantir le respect de leurs droits et ce, dans l’intĂ©rĂȘt de toutes les parties concernĂ©es.

ConsidĂ©rant que les victimes de violences sexuelles ou intrafamiliales sont particuliĂšrement vulnĂ©rables, les violences subies portant directement atteinte Ă  leur intĂ©gritĂ© physique et psychique la plus profonde et la plus intime. Que cet Ă©tat constitue un critĂšre de diffĂ©renciation objectif justifiant de les faire bĂ©nĂ©ficier d’une prĂ©somption d’insuffisance de moyens d’existence leur donnant accĂšs Ă  l’aide juridique totalement gratuite de deuxiĂšme ligne.

ConsidĂ©rant en effet que cette prĂ©somption permettra Ă  la victime de tels actes de bĂ©nĂ©ficier d’emblĂ©e, sans qu’il lui faille justifier de ses moyens d’existence, des conseils d’un avocat disposant des connaissances et compĂ©tences requises. 

ConsidĂ©rant que le bĂ©nĂ©fice de l’assistance d’un avocat doit porter non seulement sur les dĂ©marches et procĂ©dures utiles Ă  la victime pour faire valoir ses droits Ă  l’égard de l’auteur des faits, mais aussi et s’il y a lieu sur l’amĂ©nagement de sa situation personnelle, notamment lorsqu’il s’impose de lui trouver un nouveau logement, de la conseiller dans l’octroi d’une aide financiĂšre d’urgence, etc.

LE CONSEIL DE L’ORDRE

invite les autoritĂ©s Ă  modifier l’article 508/13/1, § 2 du Code judiciaire en ajoutant Ă  la liste des personnes prĂ©sumĂ©es ne pas bĂ©nĂ©ficier de moyens d’existence suffisants, les victimes de violences sexuelles ou intrafamiliales, pour l’évaluation de leur situation juridique et les premiers conseils sur les dĂ©marches judiciaires ou extra-judiciaires Ă  accomplir, Ă  concurrence de maximum 4 heures de prestations.

Le conseil de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles, invite l’Ordre des barreaux francophones et germanophone ainsi que l’Orde van Vlaamse balies, Ă  relayer son appel.Â